Pour moi, la philanthropie, c’est beaucoup plus large que l’action communautaire ou humanitaire. C’est le simple geste d’aider son prochain. Si nous regardons l’étymologie du mot philanthropie, nous pouvons voir que phîlos (amour) a la connotation d’une action ou d’une démonstration envers l’humanité (antrôpos). Je crois que la réelle philanthropie ne se limite pas seulement au don ou à des organismes, mais elle se concrétise par des gestes qui témoignent de notre amour envers l’humanité. Cet amour authentique est par la suite un puissant moteur dans le secteur communautaire ou humanitaire.

En ce sens, nous aurions toutefois tort de mépriser l’homme qui s’enrichit. Parfois, leurs intentions envers leur prochain pourraient être considérées comme douteuses, mais ce sont des humains avant tout qui cherchent à améliorer de façon collective et individuelle le sort de leur famille, de leurs employés ou de leurs proches par de multiples moyens, dont le profit. Il en est de même pour le philanthrope qui cherche à améliorer le sort de ses semblables par de multiples moyens. La seule nuance, avec une mesure qui diffère pour chacun, est dans la façon d’atteindre cet objectif. Qui peut réellement dire qu’il aide son prochain sans aucun intérêt?

Certains pourraient penser que lorsqu’un riche homme d’affaires aide une communauté financièrement, celui-ci agit seulement pour acheter une loyauté indéfectible de cette même communauté afin de poursuivre impunément son objectif d’avidité dans le secteur. Il serait également naïf de penser qu’il a agi par pur altruisme et d’une manière dépourvue d’un intérêt lucratif. Toutefois, la conjugaison de motifs à caractère bienveillant et lucratif est tout à fait, selon moi, possible. N’oublions pas que nous sommes tous humains. Nous avons tous une demeure, des enfants et faisons tous partie d’une même communauté. S’enrichir et l’amour de l’argent est deux choses différentes. Bien que ce type d’homme représente beaucoup de nos puissants, le pourcentage de gens purement cupides et cruels est tout de même très faible. La plupart fixent leur regard sur un objectif et oublient parfois certains facteurs humains dans leurs décisions. Ces personnes jouent un rôle important même si nous considérons qu’ils font preuve d’injustice en s’enrichissant.

Nous devrions être à l’écoute de leurs besoins et être sensibles à leur culture d’entreprise. Nous sommes tous des êtres relationnels conduits par les émotions et le raisonnement. Il est essentiel de faire preuve d’autant de philanthropie envers eux que nous voudrions qu’ils en fassent preuve envers leur prochain. Je pense réellement que la philanthropie authentique ne devrait pas être destinée uniquement aux plus démunis, mais à tous. Quel honneur pourrions-nous retirer à aimer les « aimables »? N’est-ce pas faire preuve de misanthropie que de retenir cet amour envers ceux qui ne partagent pas la même vision de la vie que nous? La philanthropie, c’est l’amour de tous les humains avec leurs limites et leurs défauts. Moi, je ne peux affirmer être un philanthrope si je méprise certains humains. Et vous?

-Ronald Lepage, directeur de La Sortie