Ce mois-ci, La Sortie souhaite souligner la grande appréciation que toute notre équipe ressent pour nos ambassadeurs en vous partageant l’histoire de Sarine, qui a commencé l’initiaive de notre Gala annuel il y a environ six ans. Pour ceux et celles qui sont intéressé(e)s à se lancer dans de telles initiatives de charité, voici une entrevue inspirante que nous avons réalisée auprès de Sarine plus tôt cette semaine :

En bref, peux-tu décrire ce qui t’a menée à prendre l’initiative d’organiser un Gala pour La Sortie ?

En 2013, j’ai commencé à fabriquer mes propres bijoux. Plus tard cette année-là, j’ai lancé une compagnie indépendante nommée Sozo Jewelry Designs. Je voulais donner les profits amassés à des organismes sans but lucratif et à des gens dans le besoin, mais je n’étais pas certaine d’où et de comment j’allais commencer. Après plusieurs recherches et mure réflexion, j’ai ressenti que c’était vraiment l’organisme La Sortie que je souhaitais aider. L’organisme paraissait alors plutôt embryonnaire, il n’y avait même pas encore de site web. J’ai commencé mon projet en tant qu’ambassadrice, aidant l’organisme ici et là pour des projets divers et apprenant à me familiariser avec la problématique de l’exploitation sexuelle au Québec.

Un jour, j’ai fait la suggestion à mes coéquipiers d’organiser une levée de fonds sous la forme d’un gala qui aurait aussi pour but de sensibiliser le public sur la cause des victimes d’exploitation sexuelle. J’étais alors une seule personne, avec une idée, et zéro expérience en organisation de galas. J’ai fait des recherches en ligne, j’ai trouvé les informations dont j’avais besoin pour monter un gala, et j’ai préparé un plan que j’ai par la suite présenté à l’équipe de La Sortie. Mon plan a été accepté, et on m’a démontré beaucoup de support tout au long de mes démarches pour ce projet.

En savais-tu un peu sur l’exploitation sexuelle avant de devenir ambassadrice ? Que savais tu avant de t’impliquer avec La Sortie, et qu’est-ce que tu souhaiterais que le public général sache sur la problématique ?

 J’avais une idée générale de ce qu’est l’exploitation sexuelle avant de devenir ambassadrice, je lisais quelques articles dans les médias sur le sujet, et à travers les profils de médias sociaux d’autres organismes j’avais déjà vu des statistiques frappantes. La justice est un concept qui me frappe droit au cœur. Le fait que des humains souffrent au nom de l’esclavage m’a toujours profondément ébranlée. Malgré le fait que je n’en savais pas autant qu’aujourd’hui en 2013, je savais simplement que j’avais ce besoin en moi d’aider les victimes à sortir du cercle infernal du trafic humain. Je voulais que mes actions aident directement des gens dans le besoin.

En ce qui concerne la deuxième question, il y a deux choses importantes que j’aimerais faire entendre au public général :

-L’importance de la famille et de l’amour. Lorsqu’il y a abondance de relations saines et un sens de communauté, lorsque l’amour peut être exprimé, donné et reçu, il y a moins de chances que des blessures du passé se creusent et développent des problèmes chez une personne, comme par exemple un manque de confiance en soi et la recherche désespérée pour trouver cet amour manquant, ce qui mène souvent à des trajectoires de vie houleuses.

-Lorsqu’un cœur blessé n’est pas guéri, il peut s’endommager encore plus, et aussi causer beaucoup de mal aux autres qui l’entourent. Guérir et restaurer les blessures du passé est un élément crucial pour tout le monde.

Étais-ce très compliqué de faire de l’événement une réalité ?

J’adore organiser des événements, et donc pour moi c’était un véritable bonheur d’organiser ce premier Gala avec La Sortie. Le plus stressant, c’était qu’on n’avait aucune idée si on arriverait à lever des fonds ou si au final on amasserait à peine assez d’argent pour couvrir les dépenses qu’on avait faites pour organiser l’événement. La vente des billets et le facteur de risque était une partie difficile à surmonter !

Quels outils as-tu utilisé pour organiser/planifier/réaliser l’événement ?

Le fait d’avoir une structure de travail et d’avoir développé un échéancier a joué un rôle important. L’équipe a vraiment donné son 110 %, tous et chacun avaient une tâche à accomplir. J’ai suggéré des tâches à des membres de l’équipe, selon leurs champs d’intérêt, et on a mis la machine en marche. J’ai pris contact avec des gens qui nous aideraient à trouver un porte parole, à faire de la publicité, s’assurer des éléments techniques tel que le son et trouver d’autres gens pour s’occuper des tables de vente.

Quel serait selon toi un bon conseil à donner aux autres ambassadeurs qui souhaitent orchestrer une initiative avec succès pour aider les victimes d’exploitation sexuelle ?

Demeurer inspiré et motivé c’est vraiment important. On commence souvent une initiative avec des émotions fortes, et le désir d’aider une cause fait vraiment du bien au cœur. La réalité est parfois un peu, beaucoup, plus difficile que ce sentiment initial. Il y a beaucoup de membres de l’équipe qui travaillent de manière différente, qui ont un échéancier différent, avec d’autres tâches qui leurs sont attitrées et ce n’est pas toujours facile de gérer un projet de taille en équipe. Il y aura parfois des désaccords, et quand les choses n’avancent pas tel que prévu, ça peut devenir décourageant. C’est à ce moment qu’il importe le plus de se rappeler le but de tout ça, l’aide directe pour les victimes. Continuer d’avancer malgré les difficultés rencontrées en chemin, c’est ce qui compte le plus au final.

Aussi, c’est normal de se sentir tout petit parfois. Sentir qu’on n’en fait pas assez, ou que notre part du travail n’est pas importante. Ce sont des pensées négatives qui n’ont aucun fondement dans la réalité. Il faut s’accrocher à la réalité, même aux plus petites victoires quotidiennes et se rappeler que chaque action qu’on pose pour aider les gens dans le besoin fait une grande différence.

De quelle façon penses-tu que les médias sociaux jouent un rôle important dans le recrutement de nouveaux ambassadeurs ?

-Les relations humaines. Les médias sociaux ont cette manière de déshumaniser, n’importe qui peut entrer sur Facebook ou Instagram sans nom et sans visage. Je crois que c’est important de construire et d’encourager des relations positives avec nos followers. Il ne faut pas arrêter de faire savoir aux gens combien leurs contributions comptent. Ça n’est pas toujours facile pour notre équipe de gérer les média sociaux, puisqu’une grande part de notre travail à la maison de réinsertion sociale doit demeurer confidentielle pour des raisons de sécurité. Nous essayons tout de même de dévoiler nos activités et nos actions autant que possible sur nos pages.

-La simplicité. Il y a énormément de gens qui souhaitent aider, mais qui ne savent pas comment s’y prendre. C’est important de présenter les outils disponibles à monsieur madame tout le monde, montrer au public que c’est possible et facile de faire une différence.

En tant que manager des réseaux sociaux pour La Sortie, quelles difficultés rencontres tu au quotidien ?

La réalité du sujet que nous traitons est très sombre, l’exploitation sexuelle n’a rien de positif en soi. Nous cherchons toutefois à garder un ton positif à travers une atmosphère qui favorise l’espoir sur nos plateformes de médias sociaux. Nous voulons vraiment répandre un message positif, soit qu’il existe une sortie, un espoir vers un futur prospère, et qu’il est possible de vivre une vie restaurée même après les abus et l’exploitation. En ce sens, c’est toujours un défi que de garder le ton positif et le focus sur notre champ d’action entre le partage de deux articles de nouvelles à faire pleurer.