If you can dream it
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Témoignage de Valérie
C’est encore plus particulier lorsque nous avons la malchance d’avoir un parent qui nous a entraînés dans l’industrie du sexe et qui a contribué à nous y maintenir, en ne voulant pas mieux pour nous. Mon père a été portier dans les clubs de danseuses nues quand il était plus jeune et a toujours entretenu une vie de “pornophile’’ compulsif qu’il cachait à peine. À la suite du divorce de mes parents, ce dernier est venu habiter avec moi à Montréal et est rapidement devenu mon chauffeur dans l’industrie du sexe. Je n’avais que 17 ans. Le reste de ma famille était mal à l’aise avec le sujet, ils le sont toujours d’ailleurs, et n’ont rien fait pour contrebalancer les codes et références malsaines que je recevais de mon père.
Qu’est-ce qu’on fait avec un tel parcours ? Pour plusieurs d’entre nous, la seule façon d’y donner du sens est de tenter de redonner aux suivantes et d’œuvrer vers un monde sans exploitation sexuelle. Après de longues années de thérapie, notamment sur la colère et pour gérer les conséquences post-traumatiques de l’exploitation sexuelle, j’en suis venue à vouloir donner un sens à mon parcours. Je suis devenue conférencière et formatrice en prévention de l’exploitation sexuelle, en plus de travailler comme intervenante pour diverses ressources communautaires.
Des années plus tard, j’ai souhaité obtenir une injonction de la Cour pour forcer mon père à garder ses distances avec moi. À mes yeux, les lois sont désuètes et n’offrent pas suffisamment de recours ou de protection aux femmes dont le schéma prostitutionnel s’éloigne de celui du proxénète standard, violent et qui prend tout votre argent. Comme mon père ne prenait aucun argent de ma part, la police m’a avisé que je n’avais aucun recours pour le forcer à rester à distance puisqu’il n’avait pas été mon proxénète au sens clair de la loi. Misère…! Ce que mon père en retirait, c’était plus de vivre sa vie ‟pornophilie” de rêve autour de moi, de fréquenter ce milieu, ce type de femme (mes amies), ce type d’homme (ceux qui travaillent dans les clubs), de se trouver des petits boulots (ménage dans des clubs de danseuses, dans des donjons et être chauffeur) dans cet environnement toxique.
Même l’IVAC (indemnisation des victimes d’actes criminels) commence à peine à reconnaître les femmes victimes du système prostitutionnel et de proxénétisme comme des victimes. Je suis d’avis que le message dangereux et banalisant ‟que le travail du sexe est un travail’’ a eu comme effet pervers de flouter et d’amalgamer les risques et dangers de l’exploitation sexuelle avec les normes du travail, plutôt qu’avec celles protégeant les victimes d’actes criminels.
Je le répète, on ne peut pas simultanément prétendre que c’est un ‟travail’’ tout en en dénonçant la violence inhérente et systémique du système prostitutionnel mange-vie. Les facteurs communs et connus prédisposant l’entrée en prostitution et les conséquences psychotraumatiques communes à toutes les personnes en situation de prostitution sont terriblement bien documentés par de nombreuses recherches (voir notamment le travail de Melissa Farley, chercheuse, et ceux d’Ingeborg Kraus et Muriel Salmona, psychotraumatologues). C’est pourquoi les survivantes qui ont procédé à une analyse lucide post-sortie de l’industrie du sexe tentent maintenant tant bien que mal de mettre en garde les femmes de ne pas y entrer tout banalement, puisqu’il est justement si difficile d’en sortir et d’obtenir une aide adéquate. Et de toute façon, de quel autre ‟métier’’ doit-on obtenir de l’aide pour ‟en sortir’’…?
J’ai pour ma part près de 20 ans de sortie de l’industrie du sexe. Dans les années qui ont suivi, j’ai acquis une expertise en itinérance chronique ainsi qu’en accompagnement aux survivantes à la sortie de la prostitution. J’ai eu la chance d’effectuer un remplacement de 2 semaines pour l’organisme La Sortie à l’été 2019 et de constater la marge de manœuvre qu’on laisse à la compétence de l’intervenante de milieu pour qu’elle puisse personnaliser son accompagnement aux besoins et au rythme de la personne aidée en l’orientant vers un processus de sortie qui lui convient à elle, en tout respect de ses choix. De nombreuses femmes devront faire plusieurs allers-retours dans l’industrie du sexe avant d’être prêtes à en sortir.
Si la gestion du sentiment d’impuissance n’est pas une chose que vous maîtrisez bien, ce type de travail d’accompagnement n’est pas fait pour vous. Nous savons qu’un des facteurs garants de succès est d’aider la femme à se reconstruire une identité autre que celle de la femme prostituée. La sortie de ce milieu qui nous limite, qui affecte notre estime de soi et nous insuffle des codes de conduite si marginaux, une tolérance si inhabituelle à la peur, au dégout et à la violence, est en total décalage avec les attentes du monde ‘’normal’’.
En clair, tout ce que nous apprenons pour naviguer les attentes de la prostitution ne nous servent à peu près à rien à l’extérieur de cet univers malsain et dangereux. C’est pour ça que les femmes retournent souvent vers la sécurité de ce qu’elles connaissent. Il est autrement impossible, sans la reconstruction du soi, d’espérer une sortie durable de ce milieu. Il est question d’aider les femmes à se reconnecter avec leurs compétences et ambitions propres à elles, de les aider à se remémorer ce qu’elles rêvaient de devenir quand elles étaient toutes petites, de favoriser la reconstruction d’un réseau de soutien en dehors de l’industrie du sexe.
Moi je rêvais de changer le monde et à ma façon aujourd’hui, j’y contribue. Un accueil, une écoute et un acte de partage pédagogique bienveillant à la fois. La Sortie reconnaît la valeur des paires aidantes et selon qu’elles ont aussi une formation générale adéquate, privilégieront l’embauche de femmes ayant un vécu en lien avec la prostitution. Trop peu d’organismes ont ce courage bien placé.
Merci pour votre attention et bonne continuité à La Sortie dans sa mission.
Témoignage de Carole
La première agence d’escorte dans laquelle j’ai été m’a rapidement maltraitée. Selon eux, pour garder ‘’ma place’’ je devais parfois fournir davantage d’heures ou moins, dépendamment de leur désir d’essayer d’autres femmes ou non.
J’ai changé d’agence malgré leurs menaces et il me fallait alors redonner plus de 50% de mes gains à l’agence et au revendeur de drogues qui m’obligeait, en collaboration avec cette agence, à en acheter. Au début je ne la consommais pas, mais peu de temps après je me suis mise à le faire. Ils m’ont ainsi prise au piège, j’y retournais toujours, j’étais devenue accrochée à la drogue et j’avais peur d’eux.
Au fil du temps, j’ai perdu la garde de mes enfants, fait des séjours en psychiatrie et en prison, connu l’itinérance, fait des tentatives de suicide, subi de la maltraitance par des policiers, des agences et des clients, perdu mon estime personnelle, ma confiance, ma santé… J’ai développé une dépendance aux drogues dures et j’ai été involontairement intoxiquées au GHB, j’ai subi de nombreux viols et connu toutes les formes de violences possibles. C’est un aperçu des conséquences que la prostitution a eu sur moi rapidement, mais il y a aussi des conséquences à long terme que je rencontre encore aujourd’hui.
J‘étais presque morte quand j’ai rencontré une intervenante de milieu. J’ai tout de suite été en confiance auprès d’elle. J’ai appris que je n’étais pas seule à vivre ces hauts et ces bas dans la sortie de la traite humaine et j’ai trouvé un sens à ma vie.
Les intervenantes de l’organisme que j’ai fréquenté m’ont soutenue nuit et jour. Je m’y suis fait de nouvelles amies qui avaient elles aussi vécu l’exploitation sexuelle. Par leur témoignage et leurs encouragements, elles m’ont donné la conviction que je pouvais moi aussi vivre sans crainte et m’épanouir.
Avec de l’aide, j’ai retrouvé mes forces, mes qualités, mes aptitudes… J’ai participé à plusieurs activités, sorties, ateliers, conférences, loisirs, groupes d’entraide… Je me suis aussi impliquée dans l’organisation des assemblées générales et sur le conseil d’administration.
J’ai connu beaucoup de monde ; des groupes de femmes, des bénévoles, des professionnels, des artistes, des professeurs, des gens de tous les milieux et de partout sur la planète qui appuient les femmes prises dans l’industrie du sexe et les survivantes qui se battent pour en sortir.
J’ai appris comment je peux soigner mes traumatismes. J’ai reçu des soins incomparables et personnalisés. Les intervenantes de l’organisme sont qualifiées pour aider les femmes à sortir de la prostitution, et ce à tous les niveaux. Les formations disponibles dans ces années- là étaient plus rares et la volonté, la détermination et l’efficacité pour m’aider à travers de ce long processus fut remarquable.
J’ai aussi été accompagnée pour reprendre contact avec mes enfants. Mon intervenante m’a soutenue à travers cette démarche délicate et émouvante. Elle m’a accompagnée à mes rendez-vous avec la DPJ. Je suis ensuite retournée à l’Université et au travail.
Après quelques années de rétablissement, j’ai connu Le CAFES, (Collectif d’aide aux femmes exploitées sexuellement) via une de ses fondatrices, Rose Sullivan, qui donnait un atelier auquel je participais. Elle m’a aidée alors que j’étais sur le bord de la psychose, hyper vigilante, perdue au coin de ma rue comme si j’étais en terre inconnue… Elle m’a accueillie chez elle et tout naturellement, elle m’a partagé son quotidien, ses démarches pour aller mieux et aider d’autres femmes. Je suis revenue rapidement dans le monde réel. Elle est devenue mon amie et avec ses références, j’ai accédé à un autre groupe à Montréal et j’ai reçu une merveilleuse formation pour devenir paire-aidante. De pouvoir animer des ateliers thématiques, parler de la ressource aux autres organismes et au public, d’être outillée pour savoir comment mieux accompagner une femme qui veut sortir de la prostitution, ça m’a donné un super sentiment d’accomplissement et ça m’a aidé à continuer ce long processus de sortie de la prostitution.
Les rencontres en individuel aussi par des intervenantes expérimentées et humaines m’ont fait voir que je suis en sécurité, soutenue, encouragée et accompagnée pour tous mes besoins.
À l’extérieur des ressources spécialisées pour les femmes victimes d’exploitation sexuelle, énormément de gens craignent de voir la réalité qui nous entoure au niveau de la prostitution et malheureusement plusieurs professionnels ne savent pas encore de quoi il en retourne.
Je me souviens d’une psychiatre qui m’a demandé sur un ton très agressif, et cela des années après ma sortie de la prostitution : ‘’ Pourquoi as-tu fait de la prostitution ??? ‘’ et ‘’ Tu ne cherches qu’à attirer l’attention’’ alors que je consultais en urgence pour un état dépressif. Je lui ai répondu : ’’ Alors madame, sachez bien que ce n’est pas simple du tout… ’’, mais elle ne m’écoutait pas du tout et avant que je puisse répondre elle posait une autre question. Son entretien a été très bref. Comment est-ce que je peux faire confiance à ce genre d’intervention où je me suis sentie mal jugée et mal aidée ? Je souhaite pouvoir faire davantage confiance aux professionnels de notre société.
Au niveau du logement j’ai trouvé ça très, très difficile. Avec tout ce que j’ai vécu, je me suis retrouvée à être hypervigilante même dans mon logement et mes peurs me rendaient parfois confuse et désorientée. Effectivement les abuseurs de la traite humaine (les prostitueurs) n’ont pas lâché leur emprise sur moi avant plusieurs années. Les policiers étaient souvent mal informés et médisants, parfois même sournois, voire complices, lorsque j’ai eu à leur demander de l’aide. Par chance que maintenant les nouveaux policiers, les plus jeunes sont mieux informés et motivés. En effet le corps de police de la Ville de Québec ainsi que plusieurs intervenants de groupes communautaires ont reçu de la formation offerte par les ressources pour femmes exploitées sexuellement pour les aider à savoir comment intervenir auprès des victimes d’exploitation sexuelle.
Beaucoup de femmes ont accepté de témoigner sur leur vécu lors de ces formations. Je vois une amélioration à ce niveau, mais pendant longtemps je fuyais, changeant de milieu de vie fréquemment.
Aujourd’hui je peux dire que je vis bien. Je suis précaire financièrement et j’habite dans un quartier où il y a de la pauvreté et de la criminalité, mais je me sens en sécurité dans mon milieu de vie encadré, avec un contact étroit d’intervenants-es en santé mentale et de groupe d’aide aux femmes victimes de la traite humaine et de l’exploitation sexuelle.
J’ai appris comment être et me sentir en sécurité sans être hyper vigilante. De plus, avec l’aide d’une intervenante j’ai réussi à obtenir un mandat de l’IVAC pour recevoir de la psychothérapie. La psychothérapeute que je vois une fois par semaine depuis plus d’un an m’a grandement aidée. Elle m’aide avec mes traumatismes, et comme ça va de mieux en mieux, l’IVAC nous permet de renouveler le mandat. Souvent c’est difficile, j’ai trébuché de nombreuses fois, ça prend du temps, mais je me décourage moins souvent qu’avant devant toutes ces difficultés, car j’ai appris comment y faire face. Je n’hésite pas à demander de l’aide au besoin. Je suis devenue autonome face à mes problèmes et je connais mes ressources.
Je dis MERCI et je suis très reconnaissante de toute l’aide que j’ai reçue et de tout le monde qui participe à ces projets, que ce soient des organismes comme La Sortie, ou des survivantes impliquées comme Rose Sullivan. Il faut plusieurs ressources et plusieurs personnes qui travaillent ensemble pour aider les survivantes, car nos besoins lorsque nous sortons de la prostitution sont extrêmement nombreux.
Carole’s story
The first escort agency I worked in mistreated me and in order to keep “my place”, they told me I had to put in more or less hours, depending on whether they wanted to try other women or not.
Despite their threats, I changed agencies. Here, I had to give back more than 50% of my earnings to the agency and to the drug dealer who forced me, in collaboration with this agency, to buy from them. At first I didn’t use the drugs, but soon after I started to do so. I was soon trapped me, always going back. I got hooked on drugs and I was afraid of them.
Over time, I lost custody of my children, spent time in psychiatric care and in prison, experienced homelessness, attempted suicide, suffered abuse by police, agencies and clients, lost my self-esteem, my confidence and my health. I developed an addiction to hard drugs and I was involuntarily intoxicated with GHB. I have suffered numerous rapes and experienced all possible forms of violence. This is a glimpse of the consequences prostitution had on me, in addition to some of the long term consequences that I still suffer from today.
I was almost dead when I met a community worker. I was immediately trusted her and learned that I was not alone in going through these ups and downs when coming out of human trafficking. Right there I found meaning in my life.
The workers from the organization I visited have supported me day and night. I made new friends there, individuals who had also experienced sexual exploitation. Through their testimony and their encouragement, I was given confidence that I too can live without fear and flourish.
With their help, I found my strengths, my qualities and talents. I took part in several activities, outings, workshops, conferences and support groups. I also got involved in the organization, was part of general meetings and was soon on the board of directors.
I have known a lot of people; womens’ groups, volunteers, professionals, artists, teachers, people from all walks of life and around the world, people who support women caught up in the sex industry as well as survivors who are struggling to get out of it.
I learned how I can heal my trauma. I received personalized care beyond compare. The organization’s workers are qualified to help women exit prostitution at all levels. At that time, the training available was scarce but the will, determination and efficiency to help me through this long process was remarkable.
I was also accompanied to reconnect with my children. My counselor supported me through this delicate and emotional process. She accompanied me to my appointments with the DYP. I then returned to university and to work.
After a few years of recovery, I got to know Le CAFES ( a collective helping sexually exploited women) through one of its founders, Rose Sullivan, who was giving a workshop in which I participated. She helped me when I was on the verge of psychosis, hyper vigilant, lost at the corner of my street as if I was in an unknown land. She welcomed me into her home and quite naturally, she invited me into her daily life, including her efforts in trying to get better and thus help other women. I quickly returned to the real world. She became my friend and with her references I joined another group in Montreal and received wonderful training to become a peer support worker. I learned how to lead thematic workshops and how to talk about the resources to other organizations as well as to the public. I became equipped and learned how better support a woman who wants to get out of prostitution. This gave me a great feeling of accomplishment and helped me to continue the long process involved in coming out of prostitution.
The individual meetings with the experienced and caring intervention workers have helped me feel safe, supported, encouraged and provided for where my needs are concerned.
Outside of specialized resources for women victims of sexual exploitation, many people fear seeing the reality that surrounds us at the level of prostitution and unfortunately many professionals do not yet know what it is all about.
I was once in an emergency clinic for depression and I remember a psychiatrist asking me in a very aggressive tone, years after leaving prostitution: “Why did you get into prostitution?” and ’’ You’re just looking for attention.” I responded, “Just know that it’s not easy at all ma’am”, but she wasn’t listening to me at all and before I could answer she was asking another question. The session was very brief. How can I trust this kind of intervention where, besides being judged, I wasn’t helped at all? I wish we could trust the professionals of our community more.
In terms of accommodation, I found it very, very difficult. With everything I went through, I found myself being hyper-vigilant even in my accommodation. I had fears that sometimes confused and disoriented me. Indeed the abusers of human trafficking still had a hold on me for several years. When I had to ask for help, the police were often misinformed and slanderous, sometimes even sneaky, even complicit. Luckily, now the new, younger police officers, are better informed and motivated. The Quebec City police force as well as several community group workers have received training offered by certain organizational resources for sexually exploited women, in order to help them know how to intervene with and help victims of sexual exploitation.
Many women have agreed to testify about their experiences during these trainings. I see this as an improvement because for a long time I was one of those that was fleeing and changing my living environment frequently.
Today I can say that I am living well. Financially, yes, I’m hanging by a thread and I live in a neighbourhood where there is poverty and crime, but I feel safe in my supervised living environment, having close contact with mental health workers and groups to help women who are victims of human trafficking and sexual exploitation.
I learned how to be and feel safe without being overly vigilant. In addition, with the help of a worker, I managed to get approval to receive psychotherapy from the IVAC. The psychotherapist I have been seeing once a week for over a year has helped me a lot. She helps me with my trauma, and as things get better and better, IVAC allows us to renew the mandate to keep receiving help. Sometimes it is difficult, I have tripped many times, it takes time, but I am less discouraged than before because I have learned how to deal with difficulty. I don’t hesitate to ask for help when needed. I have become independent in the face of my problems and I know my resources.
I am very grateful for all the help I have received and for everyone who is involved in such projects, whether it is organizations like La Sortie or involved survivors like Rose Sullivan. It takes many resources and many people working together to help survivors, as our needs when we come out of prostitution are so many. Thank you.
Valérie’s story
It’s even more marked when we are unlucky enough to have a parent who has dragged us into the sex industry and helped us stay there, wanting nothing better for us. My dad was a doorman at nude dance clubs when he was younger and always had a life of compulsive pornography, one that he barely hid. Following my parents’ divorce, my father came to live with me in Montreal and quickly became the one that drove me my into the sex industry. I was only 17 years old. The rest of my family was uncomfortable with the subject, they still are, yet did nothing to counteract the unhealthy life my father was leading me into.
What do we do when this happens to us? For many of us, the only way to make sense of it is to try to give back and work towards a world free of sexual exploitation. After many years of therapy where I dealt with my anger issues as well as the post-traumatic consequences that resulted from sexual exploitation, I have come to want to make sense of my journey. I did this by becoming a speaker and trainer working in the prevention of sexual exploitation, in addition to working as an advocate for various community resources.
Years later, I ordered a restraining order for my father to keep his distance from me. In my view, the laws are outdated and do not provide sufficient recourses or protection for women whose prostitution schema deviates from that of the standard one depicted as a violent pimp taking all the victim’s money. Since my father was not taking any money from me, nor had he been my pimp as defined by the law, the police told me that I didn’t have the option to force him to stay away. What misery…! As a result, my father continued his desired life of ‘pornophilia’ around me, associating himself with this toxic environment, surrounded by women (who were my friends), men who worked in the clubs as well as finding odd jobs cleaning clubs and concealed sites, in addition to working as a driver.
Even the IVAC (Compensation for Victims of Crime) barely recognizes women victims of the prostitution and pimping system as actual victims. I believe that trivialising the message that ‘sex work is work’ is dangerous as it has a perverse effect of blurring and confusing the dangers of sexual exploitation with labor standards. It should rather be protecting them, seeing them as victims of crime.
Again, one cannot claim that it is ‘work’ while disregarding the inherently consuming aspect and systemic violence associated with prostitution. The common and known factors predisposing women to enter into prostitution as well as the psychotraumatic consequences are poorly documented by numerous studies (see in particular the work of researcher Melissa Farley, and that of psychotraumatologists Ingeborg Kraus and Muriel Salmona). For this reason, the survivors who have left the sex industry and have coherently interpreted their situation are now trying to warn women not to enter it, as it is so difficult to leave and get adequate help. What other ‘profession’ does one need ‘help to get out of’ anyway?
I have been out of the sex industry for almost 20 years now. In the years that followed, I acquired expertise in chronic homelessness as well as in supporting survivors who wished to leave the life of prostitution. In the summer of 2019, I had the opportunity to participate in a 2-week replacement for the organization La Sortie. I observed the scope of how the field worker adapted and personalised their support to meet the needs and pace of the participant, directing them into a process of restoration that suited them and respected their choices. Many women often go back and forth in and out of the sex industry several times before they are finally ready to leave.
If dealing with feelings of helplessness isn’t something you are well acquainted with, this kind of coaching isn’t for you. We know that one of the key factors for success is to help women rebuild an identity other than the one they have built as a sex worker. The process of leaving this limiting environment that affects our self-esteem, leaves us with marginal behaviours such as an unusual tolerance of fear, disgust and violence, is one that is outside the expectations of what the world would consider ‘normal’. Clearly, everything we learn in order to navigate in the world of prostitution is of little use to us outside of this unhealthy and dangerous world. This is why women often return to the security of what they know. It is otherwise impossible, without the reconstruction of the self, to hope for a lasting exit from this environment. It is a question of helping women to reconnect with their own skills and ambitions, of helping them to remember what they dreamed of becoming when they were very young, of promoting the development of a support system outside the sex industry.
I dreamed of changing the world and in my own way, today I am accomplishing that. It’s one act of kindness at a time, one warm welcome, one moment to listen. La Sortie recognizes the value of peer support workers and, depending on whether they also have adequate general training, will favour the hiring of women with a background in prostitution. Too few organizations have this well-placed courage. Thank you for all you do. Continue the good work!
Chany’s story
My little love nest is located in the basement of a triplex and our only neighbours are those that live upstairs. We have a parking lot, a nice little yard with our patio table, our slide and there is still room to put a small pool for children. My boyfriend and I have plans for the apartment, but until then, we each have our own room and a room for my niece; she is beautiful and I can’t wait for her to come and sleep over.
On December 31st, 2018, Alain asked me to marry him. At the time I was living in a 2 ½ subsidized apartment with Passage. Today my boyfriend is in therapy. He was sentenced to 5 months in prison because he stole food to support us. While I wait for his release, it’s very difficult for me. However, I did not return to the streets, I search for work, I do odd jobs (housekeeping, etc.).
It’s not easy, I post ads very often. You need to know what you want and when you know you want something, you can have it, you just have to go for it. The streets are not for anyone and everyone can find a way out!. When I was beaten almost to death by a client, it was then that my eyes were opened.
I met a friend recently who told me that, in life, you always have a choice. My boyfriend used to always tell me that too but, back then, I would just laugh!
But it’s true! You must face things head on! You make your own path!
If you find yourself in a situation where you think you have no choice, think about it and tell yourself that it may not be the choice you would have hoped for, but it is still a choice! Being on the streets is also a choice. I chose the streets because it was quick money. At the time I had a stable job, but it wasn’t paying enough. I was a self-employed escort which led me to end up on the streets. I’m not very proud of it, but I’m proud of the fact that I am doing everything to not go back.
One of my reasons for quitting was my boyfriend who helped me a lot.
I met Stéphane (not his real name) who is helping me a lot at the moment. You have to know how to surround yourself with good people, live in a healthy environment where there is little consumption. That helps enormously!
Every step of the way there is help, social workers, counselors, psychologists. They are there to support you and listen to you. I would like to thank the organization La Sortie for their help when I was about to have a relapse. They helped me a lot and supported me in my efforts to get out of this situation.
Témoignage de Chany
Mon petit nid d’amour est situé dans le sous-sol d’un triplex et nos seuls voisins sont ceux d’en haut. On a un stationnement, une belle petite cour avec notre table de patio et notre glissade et il reste de la place pour mettre une petite piscine pour enfants. Mon copain et moi, on a des projets pour l’appartement, mais en attendant, on a chacun notre chambre et une chambre pour mon neveu ; elle est magnifique et j’ai tellement hâte qu’il vienne dormir à la maison.
Le 31 décembre 2018, Alain m’a fait sa demande, dans ce temps je vivais dans un 2 ½ subventionné avec Passage. Aujourd’hui, mon copain est en thérapie. Il a écopé de 5 mois de prison, car il volait de la nourriture pour nous faire vivre. En attendant sa sortie, c’est très difficile pour moi. Cependant, je ne suis pas retournée à la rue, je quête, je fais des petits boulots (ménage gardiennage, etc.). Ce n’est pas évident, je publie des annonces très souvent, mais il faut d’abord le vouloir. Quand on veut, on peut, il faut foncer, savoir ce qu’on veut. Le milieu de la rue n’est pour personne et tout le monde peut s’en sortir. Moi quand j’ai été battue presque à mort par un client ça m’a vraiment ouvert les yeux.
J’ai rencontré un ami dernièrement qui m’a dit qu’on a toujours le choix dans la vie. Mon copain me le disait toujours et je lui riais au visage !
C’est pourtant vrai, regarde les choses en face ; ton chemin tu le traces toi-même !!
Alors, si tu arrives face à une situation où tu penses ne pas avoir le choix, penses-y bien et dis-toi que ce n’est peut-être pas le choix que tu aurais espéré, mais c’est un choix tout de même ! Se retrouver à la rue aussi est un choix. Moi j’ai choisi la rue parce que c’était de l’argent vite fait. À l’époque j’avais un boulot stable, mais ce n’était pas assez payant. J’étais escorte à mon compte pour ensuite finir sur la rue. Je n’en suis pas très fière, mais je suis fière de tout faire pour ne pas y retourner.
Une de mes raisons d’arrêter ce fut mon copain qui m’a beaucoup aidé.
J’ai rencontré Stéphane (Nom fictif) qui m’aide beaucoup en ce moment. Il faut savoir s’entourer de bonnes personnes, habiter dans un environnement sain où il y a peu de consommation, ça aide énormément!
Il faut savoir qu’il y a de l’aide pour faire nos démarches : Travailleuse sociale, intervenante, psychologue, ils sont présents pour te soutenir et t’écouter. Je tiens d’ailleurs à remercier l’organisme La Sortie pour son aide quand j’étais sur le point de faire une rechute. Ils m’ont beaucoup aidé au niveau de l’accompagnement dans mes démarches pour m’en sortir.