Il est parfois difficile d’imaginer le pourquoi du comment une femme peut tomber sous le joug de l’exploitation sexuelle. Nombre de fois, on m’a mentionné et questionné sur la réalité des victimes lors de divers échanges sociaux. Pour bien des gens, et surtout à première vue, le fait qu’une femme soit victime d’exploitation sexuelle sans être littéralement enchaînée dans un sous-sol ne fait aucun sens. Pour moi, ainsi que pour les autres membres de l’équipe de La Sortie, la réalité observée rend une perspective de proximité sur ce phénomène d’exploitation criminel, que l’on reconnaisse largement rendu possible par l’emploi de manipulations, qui agissent en tant que véritable déploiement d’un ensemble de dynamiques liées à l’abus sexuel, physique, et psychologique de victimes par un exploitant – soit un proxénète ou un semblant de façade corporative (agence de talent).

Bien qu’il existe nombre d’histoires qui impliquent de la séquestration, force est de remarquer sur le terrain une réalité majoritaire qui est toute autre. C’est pourquoi en cette Journée internationale de la femme, nous souhaitons rendre plus compréhensible pour vous, nos lecteurs, ce qu’un grand nombre de ces femmes vivent. Lorsqu’il est question de rendre justice et aide pour ces femmes, la compassion ne suffit pas à ajuster les services en conséquence. Il est primordial de comprendre le phénomène de l’exploitation sexuelle pour y répondre de manière appropriée.

Dans les relations impliquant violence et abus sexuels, il faut reconnaître que la relation proxénète – victime ne commence jamais en soi avec l’abus. C’est d’abord un lien d’amitié, voire une relation amoureuse basée sur l’admiration, la valorisation, la confiance et autre caractère positifs présentés dans les relations humaines que l’on observera. La relation orchestrée par le proxénète place généralement d’abord le phare sur la victime, rendant ainsi naturellement un sentiment de valorisation et de respect. Les mots d’affirmation (compliments), les cadeaux (vêtements, articles de beauté, bijoux, etc.), actes de service (offrir le transport en voiture entre l’école et la maison, ou pour les sorties avec des amis), échanges de moments de qualité (écoute, sorties aux restaurants, activités récréatives diverses) et le toucher (sexuel ou amical) font tous partie de l’ensemble de langages relationnels employés par l’exploiteur qui prépare le terrain pour les prochaines étapes de son plan.

Le proxénète tisse ainsi lentement sa toile autour de sa victime afin d’arriver à gagner la confiance de cette dernière. C’est par des manipulations hautement sophistiquées qu’il gagnera par la suite le contrôle sur cette dernière (sabotage de plans constructifs tels que l’éducation et le travail, isolation du cercle social – famille et/ou amis, gaslighting, etc.).

Ce que j’ai compris à travers les années, l’étude du phénomène et les rencontres sociales, c’est qu’il est difficile d’imaginer toute la réalité qui entoure l’abus commis par les proxénètes envers les jeunes victimes, tout simplement parce que pour nous, tout cela ne fait aucun sens. Pratiquer l’échange de services sexuels pour de l’argent, c’est déjà quelque chose d’assez hors-norme. Le faire sans recevoir l’argent qui en découle, et donner ce même argent à un exploitant, c’est encore plus absurde.

Chaque situation est unique, et à la Résidence, les intervenantes ne pourraient que réaffirmer à quel point ceci est vrai. Toutefois, on remarque une tendance qui se démarque, une tendance qui jette une trajectoire très précise sur la toile de ce qui définit et entoure l’exploitation sexuelle. La vulnérabilité des jeunes femmes qui manquent d’estime de soi et sont isolées dans un milieu social donné (foyers d’accueil, DPJ, centres jeunesse, etc.) ainsi que l’usage psychopathique des langages relationnels que les exploitants maîtrisent pour contrôler leurs victimes fondent les piliers de ce qui rend l’exploitation sexuelle possible.

La Sortie a besoin de vous pour assurer un continuum de services appropriés qui aident directement des milliers de jeunes femmes de la région du Grand Montréal à rebâtir leur vie et entreprendre les premiers pas vers un meilleur avenir. Nous croyons en leur potentiel, et comprenons ce qu’elles vivent.

Notre équipe est spécialisée pour répondre à leur appel à l’aide, et en cette Journée internationale de la femme, nous voulons saluer leur courage.

Cette journée est également une occasion toute désignée pour transmettre votre support à ces jeunes femmes.

Pour faire un don, nous vous invitons à consulter la page https://localhost/don/

Dominique Marzec – Bénévole

SOURCE : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/psychopathie%20_05-_textes%20experts.pdf