Ce mois-ci, l’équipe de La Sortie aimerait vous partager une part de son travail auprès des femmes victimes d’exploitation sexuelle, afin de vous amener à comprendre de plus près cette réalité tout en vous tenant informés sur nos valeurs et les priorités au sein de notre champ d’action.

Ces femmes que nous aidons ont souvent participé involontairement à l’industrie du sexe pendant des périodes de temps variables. Certaines d’entre elles ont vécu plusieurs années d’exploitation intense à temps plein sous les ordres d’un proxénète qui leur a fait preuve d’extrême cruauté.

Elles en ressortent marquées, et même lorsque techniquement elles se sont libérées de l’emprise que le proxénète avait pris sur leurs vies, elles font face à énormément de difficultés.

Pas de temps ni d’énergie pour l’éducation

À La Sortie, on ne peut que remarquer à quel point le passage dans l’industrie du sexe aura affecté le rythme de vie de ces jeunes femmes. Ce qui nous frappe en premier, c’est le peu d’éducation qu’elles ont reçu pendant les années passées dans l’industrie du sexe. Le train de vie nocturne et le fait de travailler pour de l’argent comptant (reçu de manière instantanée) ont eu pour résultat de faire dévier ces femmes du chemin qui mène à l’accomplissement réel de leurs rêves ; parce que pour devenir médecin, coiffeuse, journaliste ou ingénieure, ça prend du temps et de l’énergie à investir sur les bancs d’école. Il n’y a pas de recette secrète.

Comme leur emploi du temps est majoritairement dirigé par un proxénète, elles n’ont ni temps ni énergie à consacrer à l’éducation. Elles nous confient que leurs temps libres deviennent des moments « pansements » pendant lesquels elles essaient de compenser pour les violences vécues pendant leur dernier chiffre.

Pour nous, c’est une priorité que de leur enseigner l’importance de l’éducation dans le cadre du processus de réinsertion sociale. Une fois qu’elles comprennent le rôle que joue l’éducation dans leur émancipation, nous les aidons à choisir une formation qui les intéresse vraiment et nous les encourageons à poursuivre quand des difficultés se présentent.

Retrouver un style de vie sain

L’éducation n’est toutefois pas possible sans qu’elles aient réussi à développer un style de vie sain. En effet, en vue d’intégrer le milieu du travail hors de l’industrie du sexe, elles doivent passer à travers toute une restructuration de leur rythme de vie. À la résidence, nos intervenantes remarquent toujours plus ou moins le même motif comportemental : les habitudes alimentaires (commander à manger tard le soir par exemple), financières (ne pas savoir élaborer de budget), et les habitudes sociales tendent à normaliser le comportement de la prostitution. En d’autres mots, c’est difficile de retourner à l’école et réintégrer le milieu du travail quand tu te couches à 4h AM tous les jours, que ton souper consiste en une commande de fastfood aux petites heures du matin, que tu n’as pas un sous et que toutes tes amies se prostituent.

Vous comprendrez que ces jeunes femmes n’ont pas les mêmes points de repères que vous et moi. Nous avons souvent l’impression d’être en pleine lutte à contre sens du courant. Assister une survivante d’exploitation sexuelle dans la réinsertion sociale n’a rien de facile.

Mais ça n’est pas impossible pour autant!

Chaque vie est tellement importante, et nous savons que chaque femme a le potentiel de se réaliser. C’est pourquoi nous n’abandonnerons pas, nous continuerons d’aller contre le courant en aidant les victimes à passer par-dessus chacun des défis de la réinsertion sociale. Toute notre équipe s’engage à continuer de lutter contre l’exploitation sexuelle en offrant des services d’aide directe aux femmes victimes d’exploitation sexuelle.