Le temps des fêtes est un temps de joie, de célébration, un temps de repos, une opportunité de ralentir notre train de vie afin de passer de beaux moments avec les gens qui nous sont proches. Malheureusement, la même chance n’est pas donnée à tous. Pour des centaines de jeunes filles et de femmes victimes d’exploitation sexuelle, le temps des fêtes est synonyme d’encore plus d’isolement et de souffrance. La clientèle plus nantie de la prostitution quitte tranquillement la région de Montréal pour des ciels plus clairs le temps de faire passer l’hiver plus vite, mais les party de Noël abondent à travers la province.

La neige et le froid annoncent les sombres prochains mois pour celles qui sont enchaînées par l’exploitation sexuelle.

Alors qu’on magasine le cadeau de Noël d’une nièce qu’on a croisé trois fois en quinze ans, une autre fille de quinze ans retouche son maquillage, elle se prépare, se farde question d’avoir l’air un peu plus femme. Elle travaille les angles de son visage encore tout rond de jeunesse avec des techniques telles que le contouring comme on le voit en ligne, sur Youtube ou Instagram. Un proxénète lui rappelle qu’il s’attend à ce qu’elle fasse une dernière bonne rentrée de cash en ce mois de décembre, parce qu’il connaît très bien l’industrie du sexe à Montréal. Il sait que l’hiver, le vrai, mène toujours à une réduction temporaire de ses profits.

Il la saisit fermement par le bras, mais il n’a pas l’intention de la frapper, pas aujourd’hui. Il saisit le masque du mentor, profitant du fait que Valérie est dans une situation de grande vulnérabilité. Elle n’a nulle part où aller, elle a fugué du centre jeunesse depuis des semaines. Il sait qu’elle voit en lui une lueur d’espoir, le semblant du portrait de la famille qu’elle n’a jamais eue. Il lui fait valoir l’industrie du sexe comme une opportunité de sortir de son milieu, une opportunité de business dans laquelle elle se retrouvera assurément gagnante.

D’un ton grave, il lui fait comprendre qu’il faudra qu’elle fasse le plus de clients possible pendant le temps des fêtes. C’est le dernier rush avant qu’Alexandre, Maxime et Jean-Pierre se renferment chez eux avec leur femme le temps de la saison froide, ou mettent leur argent sur le prochain vol direction Aruba au lieu de se payer une nuit avec elle.

Le temps des fêtes n’est pas pour tous un temps de joie.

Les victimes d’exploitation sexuelle au Québec passent à travers une période particulièrement difficile. Même les ressources d’aide se font plus rares, tout le monde veut prendre des vacances. On appelle une ligne d’écoute pour se faire dire et redire que le temps d’attente est plus élevé à cause du haut volume d’appels…

À La Sortie, l’équipe de secours demeure disponible pendant le temps des fêtes.

Nous sommes présents pour accueillir celles qui en ont le plus besoin, celles qui ne peuvent plus continuer un jour de plus dans cet enfer. Parce que le trafic humain ne prend pas de vacances de Noël. C’est pourquoi cette année, nous vous invitons à donner. Donnez du temps, des ressources financières, donnez des cadeaux de Noël. Tout don peut faire la différence pour les survivantes que l’on reçoit à la maison des femmes. Nous avons besoin de vous, de bénévoles et de ressources pour pouvoir continuer d’assurer aide et accompagnement pour les victimes d’exploitation sexuelle.

Pour Noël, redonnons l’espoir à celles qui se le sont fait enlever.